lundi 2 mai 2016

Chapitre 21

            « Donc si j’ai bien compris, on doit buter Kratos ? demanda Sacha.
− Non, pas le buter, mais lui coller la trempe de sa vie, expliqua Raijin avec patience.
− Le but du jeu, c’est de lui apprendre que ce mec, ce n’est pas Dieu ! Tu piges ? ajouta Ondine.
− Et pour ça, on doit lui meuler la face, c’est ça ?
− Oui !
− Mais pourquoi personne n’a pensé à le faire plus tôt ?
− C’est parce que c’est de Kratos qu’on parle. Ce mec est ultra-puissant, et capable de te briser tous les os en te pétant dessus, répondit Ondine.
− Et pourquoi tu crois être capable de le battre, Raijin ?
− Les jours d’orage, ma puissance est à son maximum. Je crois que Kratos est prenable.
− Et Raijin a besoin d’Ondine et toi pour se faire passer pour un super-criminel afin de se battre contre Kratos tout en conservant la réputation des Super-héros partout dans le monde. Raijin, t’es sûr que c’est une bonne idée d’embarquer ce crétin de Pierre ? Il m’a l’air très lent à la détente ! déclara dans un soupir de lassitude Anima.
− Il est déjà à bord, quand on te donne des citrons, autant faire de la limonade, comme on dit. »
            Ondine acquiesça. Elle avait du mal à réaliser qu’elle était dans le repaire de son pire ennemi. C’était son endroit secret, bien qu’elle fût au courant de l’identité de Raijin depuis longtemps, il était suffisamment secret pour être capable de se protéger, et elle ne savait presque rien de lui, hormis le fait qu’il avait un frère, un « normal » qui était bien plus fort qu’elle et lui. Si Raijin l’avait invitée dans sa « forteresse de solitude », cela signifiait qu’il prenait très au sérieux son affrontement contre Kratos. Ce n’était plus elle sa némésis.
            « Hé ! Comment ça, je suis lent à la détente ? » grogna soudain Pierre, s’attirant les regards de ses compagnons. 

            Greg n’avait rien écouté de ce qui s’était dit à la réunion des Inutiles. Il n’arrivait pas à les regarder sans avoir à l’esprit les images de cauchemar qu’il avait eu la veille, et le jour d’avant…tous les soirs étaient devenus l’occasion de terreurs totales. Celles-ci était toutes aussi horribles les unes que les autres. Parfois, il voyait la ville détruite, parfois, ses amis mourraient sous ses yeux, ou le trahissaient…il avait l’impression de devenir fou. Il en avait parlé à Mike, et les deux s’étaient demandé si Sarramauca n’était pas à l’œuvre, mais ils s’étaient ensuite dit que contrairement aux victimes habituelles de Sarramauca, Greg avait survécu. Ce dernier avait toujours à l’esprit la requête de Fiona, aussi s’était-il dit que peut-être, il souffrait de stress…

            « Tu vas bien Grégory ? lui demanda un jour Fiona alors qu’il était allé la voir. Il était allongé sur le divan, épuisé.
− Je ne dors pas très bien. Des terreurs nocturnes…souffla-t-il.
− Oh…se contenta-t-elle de répondre. Elle sembla le regarder avec une pointe de tristesse.
− J’en ai parlé avec Mike, il m’a dit que c’était probablement le stress…
− Qui est Mike ? demanda Fiona.
− Peu importe.
− Un Inutile ?
− Non c’est…c’est juste un mec.
− Et qu’en pensent les autres Inutiles ?
− De quoi ?
− De tes cauchemars.
− Je ne leur en ai pas parlé…
− Peut-être que tu devrais passer la nuit chez l’un d’eux, tu sais, pour avoir une nuit de sommeil digne de ce nom… » Greg la regarda un moment, ça ne paraissait pas une si mauvaise idée. Il se demanda si Mehdi voudrait bien l’héberger un soir. Il ne s’imaginait pas le demander à Claire, Gilles vivait avec sa famille, il n’allait pas s’imposer, quant à Cédric il était en couple et Greg n’avait pas vraiment envie de se retrouver au milieu.
            Une fois qu’Atchoum-man fut parti, Cassandre prit son téléphone, pour appeler Kratos.
            « Joël, Atchoum-man va probablement passer la nuit chez l’un des membres de la Ligue des Inutiles.
− Très bien, je vais dire à Sarramauca de le filer. T’as pu avoir des infos ?
− Non. Pas d’identités à proprement parler. Il a bien évoqué un certain Mike, mais un prénom, c’est léger.
− Fiona ! Les hommes sont plus bavards au lit.
− Attends, tu n’es quand même pas en train de me demander de coucher avec lui pour le faire parler ?
− Si c’est précisément ce que je te demande. Le temps presse, là on va avoir quoi, deux Inutiles peut-être, mais ce dont j’ai besoin, c’est de leurs identités à tous, pour faire le ménage d’un coup !
− Mais Kratos, je ne vais pas coucher avec lui ! Ce serait comme te tromper…
− Fiona ! T’as mon autorisation ! Séduis-le, torture-le si tu veux, je m’en fous, mais il me faut mes infos le plus vite possible ! C’est clair ?
− Oui…oui, c’est clair…souffla Fiona.
− C’est très bien. Je t’aime, glissa la voix de Kratos avant qu’il ne raccroche.
− Je t’aime aussi… » répondit-elle, bien qu’il ne fût plus en mesure de l’entendre. Elle poussa un soupir très profond, elle n’aimait vraiment pas ce que lui demandait Kratos, et elle en vint à regretter de lui avoir dit qu’elle avait reconnu Atchoum-man.

            Dragon était au quartier général de la Conjuration des Etoiles. Là se trouvaient aussi Terminacop et Gravitas. Kratos n’était pas présent, il était en train de sauver le monde d’une menace nucléaire quelque part. Dragon regardait avec des sentiments partagés la chaise vide qu’occupait Anima.
            « Il y a eu une époque où on était plus nombreux, observa Terminacop.
− Il y a eu une époque où quand on se réunissait ici, c’était pour parler de menaces sur le monde. Pas pour faire des réunions sans intérêt dans lesquelles on parle de la meilleure façon de faire tuer un groupe d’Inutiles, rétorqua Gravitas.
− Le monde change, ma vieille. Et crois-moi, ces Inutiles seront bien mieux six pieds sous terre.
− Ce n’est pas l’avis d’Anima en tout cas. Dites-moi messieurs, vous êtes sûrs que c’est une bonne idée de suivre Kratos dans sa quête ?
− Quoi tu te dégonfles Gravitas ? demanda vivement Terminacop.
− On était tous d’accord ! On a tous voté pour le suivre sur ce coup, observa Dragon.
− Oui, mais ça ne veut pas dire qu’on doit le suivre jusqu’au bout. Anima a rejoint Raijin, et elle a dû lui parler de notre plan, je me trompe ? Et Raijin, on le sait tous, il hait Kratos. Si quelqu’un devait déballer aux médias notre petite conspiration, on y perdrait tous beaucoup, non ?
− Et alors tu veux qu’on fasse quoi ? Qu’on tue Raijin et Anima ? demanda Terminacop.
− Ce serait bien, mais un peu radical. Je pense qu’on devrait plutôt se préparer à lâcher Kratos, au cas où les choses tourneraient mal. Après tout, la Ligue des Inutiles a quand même réussi à vaincre Raptor presque sans aide. Sarramauca est redoutable, mais en combat, elle ne vaut pas l’autre monstre.
− Tu as raison Gravitas. On devrait chacun préparer une porte de sortie. Si Kratos tombe, on n’a pas besoin de le suivre dans sa chute…déclara Terminacop.
− Et puis, si on trouve un moyen de s’en sortir, est-ce qu’on y perdrait tant que ça à voir Kratos chuter ? C’est tout bénéf pour nous. »
            Dragon gardait le silence, Terminacop semblait séduit par le plan de Gravitas. Alors c’était ça, se disait-il, une association de super-héros…un groupe de personnes aux pouvoirs extraordinaires, mais qui sont prêtes à écraser les autres, et à s’entredévorer aux premières difficultés. Il avait l’impression d’avoir un goût immonde dans la bouche. Il se disait alors qu’il comprenait Anima. Elle avait vu avant lui le vrai visage, ou plutôt, le nouveau visage de ces gens qu’il avait pourtant admiré toute sa vie. Il eut l’impression que cette Conjuration des Etoiles était maudite, et qu’elle pourrissait les héros qui y restaient trop longtemps. Allait-il s’y attarder et risquer de pourrir lui-aussi ? Ou bien allait-il partir, sachant maintenant qu’il se ferait de très puissants ennemis qui seraient prêts à tout pour le faire taire, afin de protéger leurs intérêts et leur image de marque qui semblait être la seule chose qui comptait à leurs yeux ? Dragon, en regardant Gravitas et Terminacop se rendit compte que ces deux-là, et Kratos aussi, n’inspiraient plus l’espoir en lui, mais une peur insidieuse. Et il était coincé dans ce qui ressemblait à une spirale.

            L’appartement de Mehdi était fort sympathique. Pas très grand, mais suffisamment aménagé pour que cela ne soit pas un problème. Greg espérait pouvoir avoir une nuit de sommeil.
            « Merci de m’héberger pour ce soir mon pote.
− Mais y a pas de quoi, mec ! Je vais aller préparer un petit frichti tranquille et on va se caler devant la télé en fantasmant sur les filles de la Ligue.
− Une soirée Pyjama, quoi… »
            Cachée dans l’ombre, Sarramauca les observait. Ils avaient l’air de bien s’entendre. De bons amis. Elle avait écouté les recommandations de Kratos et avait attendu Greg chez lui, pour le filer. Elle ne pouvait pas prendre le risque de le suivre tout le temps, elle se ferait repérer. Elle se demandait si ce Mehdi était bien un membre de la Ligue des Inutiles, et en eut la confirmation quand il transforma l’un de ses doigts en économe pour éplucher des légumes. Elle tenait à présent deux Inutiles. Elle sourit, puis se prépara à fredonner. Mais elle fut interrompue quand la voix de Greg tonna, appelant avec urgence Mehdi. Discrète comme une ombre, elle suivit sa cible dans le salon.
            « Qu’est-ce qu’il se passe Greg ?
− Regarde là ! A la télé ! » balbutia Greg. Mehdi y jeta un œil, et son regard s’arrondit sous l’effet de la surprise.
            L’écran projetait les images de la Tour Eiffel. En son sommet, une silhouette toute de rouge vêtue. Un zoom de la caméra révéla un costume qui ressemblait fort à celui de Raijin. La silhouette leva les deux mains, et de la foudre apparut, conduite par l’édifice en acier. La tour émit un grondement gargantuesque, frappée par les puissants éclairs produits par l’homme au sommet de la tour. Les lumières de celle-ci s’illuminèrent à pleine puissance, puis les ampoules explosèrent dans un déluge d’étincelles qui embrasèrent la nuit. La caméra s’éloigna en tremblant, trahissant la confusion du caméraman. Celui-ci semblait fuir quelque chose. L’objectif se tourna vers deux silhouettes inquiétantes : Ondine faisait léviter au-dessus des paumes de ses mains deux masses sphériques d’eau, tandis que Pierre revêtu de son armure menaçait de charger le journaliste, qui décampa en laissant sa caméra derrière lui.
            « Oh une caméra ! Parfait ça tombe bien, j’ai une annonce à faire au monde. Nous sommes les Elémentaires ! Et ce monde nous appartient à tous les trois, déclara Ondine d’un air menaçant.
− Avec Raijin à nos côtés, nous sommes invincibles ! » ajouta Pierre avant d’écraser la caméra, coupant le direct. Le pays avait assisté médusé au spectacle. Raijin, le plus pur des super-héros avait uni ses forces avec des super-vilains notoires. Il était tout-puissant, et on était heureux de l’avoir du côté du bien, mais à présent…Kratos était devenu, plus que jamais l’espoir de l’humanité.

            Joël Pinker lança un regard à Wandrille, qui le lui rendit. Ils n’arrivaient pas à en croire leurs yeux. Ils étaient en train de regarder un match en buvant des bières, mais la retransmission avait été coupée, et là, ils venaient de voir Raijin déclarer la guerre au monde entier.
            « Joël, c’est quoi ce merdier ?
− J’aimerais bien savoir ! Qu’est-ce que ce crétin de Pikachu fout avec Ondine et Pierre ?
− Merde s’il est devenu un super-vilain, ça va être salement mauvais. Je me trompe ?
− C’est un client sérieux. Je ne sais pas à quoi il pense, mais si je dois le démolir, je n’hésiterai pas.
− C’est super bon pour les affaires, ceci dit, non ? Imagine un peu : le choc des titans ! Kratos V Raijin, les pères fondateurs de la Conjuration des Etoiles qui s’affrontent. L’un est resté dans la lumière, l’autre s’est perdu dans les ténèbres.
− Il y a moyen d’en faire un petit événement en effet, de ce développement inattendu… » sourit Kratos. Il n’allait certainement pas manquer cette opportunité en or offerte par Raijin.

            Cassandre l’avait vu venir. Mais elle n’avait pas voulu y croire. Tout concordait avec sa vision. La foudre, l’eau, les roches…ces éléments, elle le savait, visaient une personne en particulier : Kratos. Elle l’avait vu dans ses visions. Un parfum de danger embaumait l’air, Raijin voulait affronter Kratos, non, il voulait le vaincre. Pour cela, il devait avoir un atout dans sa manche, mais elle ne saurait dire lequel. Elle doutait que ce fut simplement l’alliance conclue avec Ondine et Pierre. Elle se mit à profondément s’inquiéter pour Kratos.

            Dragon n’était pas tranquille. Que se passait-il ? Pourquoi Raijin avait-il fait ça ? Pourquoi provoquer le monde entier ? Que faisait-il avec Ondine et Pierre ? Il se demanda où était Anima dans tout ça. Faisait-elle partie des Elémentaires, ou avait-elle quitté le navire avant ? Il était en tout cas clair pour lui, que malgré les errements de la Conjuration des Etoiles, celle-ci allait être vitale si un groupe ennemi faisait son apparition…

            Pascal avait regardé avec attention ce qui était passé à la télé. Son visage avait témoigné de sa stupéfaction lors du show, puis une colère froide s’était emparée de lui. Il donna un coup de pied sur la table basse qui se brisa. « Mais qu’est-ce qui lui prend à cet abruti ? » se répétait-il, dans une colère qui ne faisait que prendre de l’ampleur. Michael l’appela, ce qui le sortit de sa fureur.
            « Je t’écoute Mike…
− Je voulais juste savoir comment tu allais…
− Comme tu peux l’imaginer.
− Ne va pas faire n’importe quoi. » Pascal, pour toute réponse, se contenta de raccrocher. Oh que si, il avait bien l’intention de faire n’importe quoi…

            Greg et Mehdi avaient halluciné. Puis ils entendirent une voix fredonner. Les deux hommes se regardèrent, pâles.
            « Hé, mec, tu as entendu ? demanda Mehdi.
− Oui…y a quelqu’un d’autre chez toi ?
− Personne d’autre que nous. » répondit Mehdi en transformant ses doigts en couteaux. Les deux hommes se mirent à patrouiller dans l’appartement, cherchant un intrus, potentiel. Greg était tremblant. Ces nuits de cauchemars étaient loin de lui laisser l’esprit tranquille. Il en devenait presque paranoïaque. Il vit alors apparaître face à lui, sorti de nulle part, Raijin. Greg eut un mouvement de recul.
            « Ce…c’est encore un cauchemar, c’est ça ?
− Le pouvoir corrompt, et cela t’arrivera à toi aussi, répondit Raijin.
− Disparais ! Tu n’as rien de réel !
− Ceci dit, quel mal pourrait faire un homme aussi faible que toi ? Ton sens de la justice, ce n’est qu’un prétexte, tu n’es pas assez puissant pour faire le mal. Alors que moi, j’ai le pouvoir de tout détruire. Peut-être que c’est pour ça que tu jalouses tant ceux qui ont de puissants pouvoirs, hein, Greg ? N’aimerais-tu pas te sentir puissant ? Si tu avais mon pouvoir, ou celui de Kratos, tu n’irais pas l’utiliser, montrer aux autres ce que tu sais faire ? Leur fermer leur clapet ? »
            Greg secoua la tête, et sous ses yeux, Raijin se métamorphosa en lui-même. Il était vêtu de son costume d’Atchoum-man, mais celui-ci était rouge au lieu de vert. « Tu imagines, si ton pouvoir, au lieu de faire éternuer les gens, était de réduire leur cervelle en bouillie en te concentrant ? » ils se tournèrent vers Mehdi qui semblait errer, hésitant, et l’Atchoum-man rouge, tendant la main vers lui se concentra. Mehdi se tourna vers lui, du sang coulait comme des larmes de ses yeux, cascadait de son nez, de ses oreilles, et de sa bouche.
            « Voilà ton vrai rêve, la réelle raison pour laquelle ton pouvoir te frustre.
− Non…non !
− Voilà ce que tu as peur d’admettre ! Tu ne vaux pas mieux que les pires super-criminels du monde. Tu es simplement un aspirant-super-vilain émasculé. » Greg poussa un hurlement. Chaque fois qu’il niait, l’Atchoum-man rouge exécutait sous ses yeux une personne qui lui était chère. Ce qui effrayait surtout Greg, c’était la satisfaction et la jouissance qui émanait de son double maléfique chaque fois qu’il utilisait son pouvoir pour détruire une vie. Il savait que c’était un cauchemar, encore une de ces terreurs qui le suivaient. Mais c’était trop réel, trop réaliste.
        Quand il émergea, il vit un Mehdi catatonique, ruisselant de sueur, le teint mortellement pâle. Il bredouillait des excuses, il ne savait à qui. Manifestement, il avait subi lui aussi une de ces terreurs. Greg posa une main sur l’épaule de son ami qui sortit de sa transe, des larmes aux yeux.
            « Greg, qu’est-ce que c’était ? J’ai vu…je crois que je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie.
− Toi aussi…alors je ne vois qu’une explication. Je crois qu’il y avait bien quelqu’un avec nous dans ton appartement.
Sarramauca… » siffla Mehdi après un moment de réflexion. Sarramauca, dissimulée, sursauta. Elle ne s’attendait pas à ce qu’on l’identifie aussi vite. C’était la première fois qu’une de ses victimes l’avait identifiée, habituellement, il est trop tard quand elle en a terminé avec ses proies. 

     Cela devenait de plus en plus dangereux pour elle. Elle ne savait pas comment réagiraient des proies qui savent à qui ils ont affaire. Elle se dit alors qu’elle devrait se dépêcher de trouver les autres Inutiles pour tous les avoir en même temps, avant qu’ils ne se retournent contre elle.

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