Raptor
se réveilla, blotti dans les draps immaculés du lit situé dans la chambre
d’hôpital aseptisée dans laquelle il reposait en attendant son transfert en
prison. Il eut la surprise, cependant, de voir deux silhouettes à son chevet.
Un homme et une femme attendaient son réveil. L’homme, c’était son vieil ami
Devreaux. Elle, lui rappelait quelque chose, mais il n’aurait su dire quoi. Il
l’avait croisée, mais ses souvenirs étaient embrumés.
« Marcello,
c’est tellement triste de voir ce qu’ils ont fait de toi, débuta Devreaux de sa
voix mielleuse avant de reprendre : Dans notre métier il y a de nombreuses
choses plus importantes que la vie. On a un genre d’honneur qui fait que parfois,
on se dit que la mort n’est pas si mal, tu vois, la discrétion aussi, est plus
importante que la vie. Tu me comprends ? »
Raptor
acquiesça. Il savait parfaitement ce que voulait dire Devreaux. Celui-ci lui
tapota amicalement l’épaule. « Je te présente Nyx. Cette femme peut tuer
par simple contact physique. L’une des meilleures tueuses de tous les temps. Tu
ne souffres pas, tu t’endors simplement…Je suis venu te faire une proposition,
et sache-le, je te fais cette proposition car tu es mon ami, tu as
saisi ? Très bien. Tes dents ne repousseront jamais. Tu es condamné à
te nourrir de bouillie, tu ne serviras plus à rien dans le circuit. Tu es
devenu inoffensif comme un chaton moche – Raptor eut un petit rire – alors
voilà. Je serai toujours là, mon pote, tu le sais. Mais peut-être que tu n’as
pas envie de vivre comme ça, en taule, la jambe droite broyée, les dents
pétées…peut-être que t’endormir simplement, tu vois, ce n’est pas si
mal ? » Raptor regarda intensément Nyx. C’était la fille de la
ruelle. Celle qui lui avait causé la peur de sa vie. Mais là, elle ressemblait
plus à une échappatoire. Il lui fit en silence un mouvement de tête. Elle le
comprit, retira son gant gauche et caressa lentement le visage de
Raptor. Tout devint noir…