lundi 4 avril 2016

Chapitre 17

            Ondine était partie se promener dans le village, et était rentrée à la nuit tombée. Elle s’était mise à réfléchir, à repenser à sa vie, à son quotidien de violences. Elle avait repensé à ses victimes, elle avait repensé à ses pouvoirs…Elle avait malaxé dans son esprit tous ses souvenirs afin de savoir qui elle était. Pourquoi restait-elle avec la vieille Brigitte ? Elle se demanda si elle ne cherchait pas à tout reprendre de zéro. Mais c’était ridicule. Elle se foutait bien de cette vieille. Tout ce qu’elle voulait, c’était se planquer, laisser l’eau couler sus les ponts avant de revenir sur le devant de la scène, le moment opportun. Elle se disait d’ailleurs, qu’elle se vengerait bien de Raijin. Après sa promenade, elle pénétra dans la maison de la vieille dame qui l’hébergeait, et fut surprise. Quelque chose n’allait pas… 

       On entendait des bruits de frottement, pourtant, Brigitte dormait à cette heure-ci, habituellement. Ondine marcha à pas de loup vers la chambre de son hôte. Elle passa par la cuisine, ramassa une bouteille d’eau et en ôta le couvercle, puis elle grimpa les escaliers qui menaient à l’étage, le plus silencieusement possible. La porte de la chambre de Brigitte était ouverte, mais la lumière était éteinte. Parfois, des flashes de lumière venaient déchirer le voile de l’obscurité. Ondine se plaqua contre le mur et jeta un œil dans la pièce à travers le cadre de la porte.
            Brigitte était ligotée à une chaise, et deux types, lampe torche coincée dans la bouche, remplissaient un sac de tout ce qui paraissait avoir de la valeur. Brigitte semblait ne pas être blessée, mais choquée, elle gardait le silence. L’un des cambrioleurs dit à son comparse :
« Il n’est pas un peu à la bourre Gabe ?
− Si tu n’as rien de mieux à dire que le nom de tes complices, autant fermer ta gueule, tu ne crois pas ? » le rabroua le second. Ondine se mit à tressaillir, elle ne l’avait pas croisé, mais il y avait bien un troisième individu dans la maison. Si elle voulait chasser les cambrioleurs, il faudrait qu’elle fasse attention à ses arrières. Elle se dit qu’il serait mieux d’aller chercher ce Gabe et de le mettre hors d’état de nuire avant de s’occuper des deux autres, mais quelque chose dans la vision de la pauvre vieille Brigitte, toute menue, attachée à la chaise, ébranla le cœur d’Ondine. Elle voulait la sortir de là et la rassurer le plus vite possible. Ondine avait beau se dire que ce n’était pas logique ni prudent, c’était ainsi, et avant qu’elle n’en eût pris conscience, elle avait déjà fait quelques pas dans la chambre.
            « Alors les petites frappes, on s’amuse à cambrioler et saucissonner les personnes âgées ? claironna-t-elle.
− T’es qui toi ? Tu veux jouer les héroïnes petites ? répondit l’un des malfrats.
− Moi une héroïne ? Ne m’insulte pas mon pote ! rétorqua-t-elle après un rire diabolique. Puis usant de son pouvoir, elle fit sortir l’eau de la bouteille qui lévita, dans une forme sphérique translucide devant elle.
− C’est un de ces monstres !
− Et alors ? Elle fait voler de l’eau, je risque quoi ? Elle va m’arroser ? Me faire un shampooing après ? »
            Pour toute réponse, Ondine tendit la main, et comme une balle, la sphère aqueuse vola à toute vitesse vers le visage cagoulé du cambrioleur. Lorsque le contact se fit, l’eau claqua violemment et le malfrat tomba en arrière. « Je peux augmenter la pression de l’eau que je manipule, vous savez ? ». Elle tourna ensuite son regard vers le deuxième larron et lui confectionna un casque intégral constitué d’un litre et demi d’eau. Le voyou commençait à suffoquer. « Si je le voulais, je pourrais t’écraser le crâne, cette eau deviendrait toute rouge…ça te tente ? » Ondine usa de son pouvoir pour augmenter la pression de l’eau, elle était déterminée à mettre sa menace à exécution. Mais son regard se porta sur Brigitte. Celle-ci se débattait, ses yeux étaient suppliants. Ondine se détourna de la vieille et regardait le voyou se débattre. Elle ne pouvait pas le faire. Elle ne voulait pas que Brigitte la voie faire ce qu’elle avait prévu de faire. « Saleté de vieille, tu me ramollis » lança soudain Ondine en relâchant la pression et libérant le cambrioleur de sa prison, éloignant de lui le risque de noyade. Le voleur tomba au sol respirant bruyamment, tentant d’avaler des goulées entières d’oxygène. Ondine fit un pas vers Brigitte pour la détacher, mais elle entendit un bruit de pas derrière elle. Elle l’avait oublié, le troisième cambrioleur.

            Un choc bruyant résonna derrière sa tête. Elle avait été prise par surprise, le coup avait été étourdissant. Elle tomba à genoux d’abord, puis après avoir lancé un dernier regard à Brigitte, tout devint noir.

            Kratos éclata de rire, le rouge monta aux joues de Fiona. Il riait depuis un long moment quand Fiona poussa un soupir d’exaspération.
            « Joël s’il te plaît, un peu de sérieux !
− Non mais Fiona, sérieusement, tu viens de me raconter que tu crois être sortie avec Crotte-de-nez-man là ?
− Je n’en suis pas sûre, mais il est possible qu’Atchoum-man soit Greg mon ex du lycée !
− Tu as vraiment le chic pour te choisir de ces mecs ! Tu te rappelles le gars tout nu avec une cape qui pouvait voler avec son…avec sa…ha ha ha ! Peut-être qu’il va rejoindre la Ligue des Inutiles lui aussi !
− Le gars tout nu, comme tu dis, je peux te dire que je lui ai trouvé une utilité, lança Fiona comme une bravade. Elle prit une profonde inspiration : Joël je te dis que je pense connaître l’identité d’Atchoum-man. Je pensais que ça pourrait t’intéresser, mais visiblement, je me trompais…
− Non, bien sûr que ça m’intéresse, excuse-moi ! Mais tu en est sûre à cent pour cent ?
− Pas à cent pour cent, mais je crois qu’Atchoum-man a pour nom civil Grégory Gorman.
− On pourrait lui soutirer des informations sur la Ligue si c’est bien lui. Mais faudrait y aller feutré, déclara Kratos qui était calmé à présent et avait repris son sérieux. Hé, puisque vous sortiez ensemble, tu pourrais regagner sa confiance ?
− Non, c’est une mauvaise idée…hésita Cassandre peu à l’aise.
− Je ne trouve pas. Ce n’est pas moi qui vais réussir à lui tirer les vers du nez. Si je le pouvais, je m’occuperais de ses deux copines, mais vu qu’on n’a pas la moindre information sur eux…
− Je ne suis pas très chaude pour ça Joël, geignit Fiona.
− Fiona, la Conjuration des Etoiles s’est affaiblie. Anima nous a trahis et lâchés, Pikachu a vraiment envie de m’éliminer et les autres membres de la Conjuration doutent de moi. Combien de temps avant que Dragon ne suive l’exemple de sa copine ? Gravitas n’a jamais pu me blairer, quand crois-tu qu’elle me laissera tomber ? Fiona…non Cassandre, tu es la seule personne en qui j’ai confiance dans ce monde. Aide-moi à régler le problème de la Ligue des Inutiles, que tout redevienne comme avant.
− Très bien…d’accord Joël…Je vais faire ça pour toi. » répondit Cassandre d’une voix éteinte. Kratos la regarda avec un sourire satisfait et chaleureux, puis déposa sur les boucles blondes de Cassandre un doux baiser.

            Raijin avait un nouveau costume, plus renforcé, plus lourd. Il était dans un gymnase vide et frappait dans un sac. Anima l’avait rejoint et apporta une bouteille d’eau. Elle se posa dans un coin et regarda l’homme cogner le sac de frappe. Elle ne savait que penser de lui. Elle l’admirait pour son héroïsme, mais il ne semblait toujours pas lui accorder sa confiance. Il n’avait jamais voulu lui donner sa véritable identité et elle ne l’avait jamais vu sans son costume. Cela faisait deux mois maintenant que Raptor avait été mis hors d’état de nuire, et depuis ce jour, Raijin n’avait cessé de s’entraîner.
            « Tu as changé ton costume, des plaques ? Entraînement physique, puis tu t’es beaucoup penché sur l’endurance de tes pouvoirs…tu prépares une guerre ?
− Oui. Kratos est trop dangereux, je vais le neutraliser.
− Tu es complètement fou ? Non seulement Kratos est trop puissant, mais en plus c’est un Super-héros reconnu. Tu seras haï de tous si tu arrives à lui faire du mal, par miracle.
− Je me fous qu’on m’aime ou non.
− Deux Super-héros ne peuvent pas se foutre sur la gueule ! Pense au modèle que tu représentes, Raijin ! On en a déjà discuté, tu ne peux pas juste dévoiler les plans de Kratos comme ça !
− Je sais.
− Alors pour quelle raison vas-tu combattre Kratos, qu’est-ce que tu répondras quand on te posera la question ? Aux yeux du monde, Kratos n’a jamais rien fait de mal ! Et les yeux du monde sont importants pour nous autres super-héros, quoi que tu en dises.
− Dans ce cas…je n’ai qu’à devenir un Super-vilain, déclara Raijin d’une voix sombre.
− Raijin ! s’exclama Anima choquée.
− Rassure-toi, je n’ai pas l’intention de me lancer dans le crime. J’ai juste besoin d’un prétexte pour me battre contre Kratos.
− Le monde va te haïr !
− Je suis prêt à porter toute la haine du monde sur mes épaules, répondit avec détermination Raijin.
− Tu…Anima en fut sans voix. Tu es...Raijin, s’il ne devait y avoir qu’un seul Super-Héros dans le monde, je crois que ce serait toi.
− Hein ? Arrête de dire n’importe quoi ! » s’écria Raijin embarrassé.
Il était sûr de lui. Il devait endosser le rôle du méchant s’il voulait arrêter Kratos et ses plans machiavéliques. Il n’était plus uniquement question de protéger la Ligue des Inutiles contre un ennemi retors, mais aussi d’apprendre à Kratos que lui aussi devait rendre des comptes. Mais même avec toute sa détermination, Raijin savait qu’il ne pourrait sciemment commettre des crimes ou utiliser ses pouvoirs pour faire le mal. Mais s’il s’entourait de criminels notoires, en revanche…plus que jamais, Raijin devait retrouver Ondine…

Gaëlle était allongée sur la planche prête à passer au scanner. Elle retint son souffle quand le médecin lui demanda de rester immobile. Ses migraines avaient été de plus en plus fréquentes et terribles. Elle n’avait voulu en parler à aucun de ses comparses, et avait tenté de faire bonne figure. Mais maintenant, elle avait peur de savoir, elle avait peur des résultats, elle s’attendait au pire. Les quinze minutes passées dans la machine lui parurent durer une éternité, et elle fut heureuse que la séance se termine.
            « Docteur quand pourrais-je avoir mes résultats ? demanda-t-elle.
− D’ici quelques jours. Le médecin prescripteur vous les communiquera. Mais je peux me livrer si vous le voulez à quelques commentaires. Notez cependant que le mieux c’est d’en avoir la confirmation par le médecin après un examen plus approfondi.
− Très bien. Je veux bien que vous me disiez ce que vous voyez.
− Je n’ai rien remarqué de profondément anormal. Je n’ai pas trouvé de tumeur cancéreuse, débuta le médecin, provoquant chez Gaëlle un soupir de soulagement. Cependant, il est évident que vous soyez une « super ».
− J’ai en effet développé des pouvoirs.
− On parle souvent, par abus de langage du terme « gène super-héroïque » quand on veut évoquer le développement de fonctions suprahumaines. La vérité, c’est que les gens comme vous, et tous les « super » ont ce qu’on pourrait appeler une malformation cérébrale (bien que le terme ne me paraisse pas approprié).
− Donc si je résume bien, ceux qui ont des super pouvoirs ont en fait un genre de maladie du cerveau ?
− Je ne dirais pas une maladie, c’est plus une évolution. Beaucoup de théoriciens pensent que vous représentez le futur de l’humanité. Le développement de pouvoirs se fait de façon exponentielle, on suppose que d’ici cinq générations, l’ensemble de l’humanité possèdera des pouvoirs. Ceux-ci deviendront banals. » le médecin réajusta ses lunettes et toussota comme s’il se préparait à un exposé.
       « Voyez-vous, c’est au stade fœtal que le cerveau développe cette fameuse « malformation ». Ce qu’on ignore, c’est pourquoi le cerveau décide d’avoir tel ou tel pouvoir. Le pouvoir développé reste dormant jusqu’à, en moyenne l’âge de onze ans pour les filles, et treize ans pour les garçons. Quant à la malformation, elle est dépistée à huit ans. Les enfants qui présentent le « gène super » sont des enfants souvent turbulents qui se plaignent de maux de tête fréquents, dus probablement à la difficulté qu’éprouve le cerveau à intégrer des fonctions qui ne sont pas dans le code proprement génétique du sujet.
− On peut dire que vous savez tuer la magie, docteur. Mais une minute, vous dites que les enfants développant ces pouvoirs ont des migraines ? Mais je n’en ai pas le souvenir !
− Votre pouvoir, vous aviez quel âge quand il s’est manifesté ? »
            Gaëlle fronça les sourcils, tentant de fouiller dans sa mémoire. Elle se souvint la première fois que ses yeux ont produit de la lumière. Elle était en train de réviser…son bac…la conclusion lui sauta à l’esprit aussitôt.
            « Docteur, mon pouvoir s’est manifesté quand j’avais dix-huit ans !
− Ce n’est pas un cas si rare, même s’il n’est pas le plus représentatif. Si je devais tenter une observation un peu hasardeuse, je dirais que votre pouvoir n’a pas fini de se développer.
− Pas fini de se développer ?
− Il va probablement changer. Je ne sais pas quelle est votre compétence particulière, mais elle va devenir bien plus puissante. Si les maux de tête sont aussi fréquents, c’est que le cerveau est en train d’habituer votre corps à ce qu’il sera capable de faire. C’est un peu comme si vous deviez faire agrandir votre maison pour avoir une véranda, vous seriez obligée d’abattre des cloisons. » Gaëlle n’écoutait plus vraiment. Elle allait changer, elle ne pouvait pas penser à autre chose. Son pouvoir allait changer, et elle allait devenir plus puissante…

            Ondine se réveilla, l’esprit embrumé. Elle avait l’impression qu’un marteau-piqueur tentait de lui vriller le crâne. Elle se leva, et considéra que les cambrioleurs avaient disparus. La chambre de Brigitte avait été bazardée, et la pauvre vieille dame n’avait pas bougé, elle restait attachée à sa chaise. Ondine avança vers elle et la détacha, puis lui retira son bâillon. La vieille dame la regarda un moment, avec des yeux écarquillés. Ondine, poussa un soupir.
            « Je sais ce que vous devez vous dire. Ce n’est pas Delphine, pas cette femme que j’ai trouvé au bord de l’eau. C’est un monstre, débuta Ondine.
− Delphine, tu…finit par articuler Brigitte.
− Ne vous en faites pas, je vais mettre les voiles.
− Tu es Ondine ! Je le sais depuis le début, idiote ! s’exclama Brigitte en se levant alors qu’Ondine se préparait à s’en aller.
− Alors vous savez de quoi je suis capable ? lui rétorqua la Super-criminelle.
− Maintenant oui. Je sais que tu n’es pas le démon que les gens veulent croire. Tu aurais pu les tuer, ces cambrioleurs, mais tu ne l’as pas fait !
− J’étais à deux doigts…rétorqua Ondine.
− Et j’étais tant de fois à ta merci, mais là encore tu ne m’as fait aucun mal ! »
            Ondine ne répondit rien. Pourquoi aurait-elle fait du mal à cette vieille dame qui l’avait sauvé et hébergée après tout ? Ce n’était pas comme si Ondine aurait pu en retirer quoi que ce soit. Delphine Perrel haussa les épaules et tourna le dos à la vieille dame. Elle serait partie sans un mot si cette dernière n’avait pas ajouté : « Tu m’as sauvée de ces voyous, alors que tu pouvais t’en aller ! » Ondine se figea. C’est vrai…elle avait tenté de sauver cette dame. Pourquoi ? Pourquoi une fille qui était allée jusqu’à ébouillanter ses propres parents s’était-elle inquiétée du sort d’une vieille peau ?
            « Tu es libre bien sûr de faire ce que tu veux, Ondine. Ton bikini…enfin ta tenue de combat et ton masque sont toujours là, je les ai gardés. Mais sache que tu es la bienvenue si tu veux rester ici avec moi.
− Je…je veux bien rester encore un peu…oui ! » répondit Ondine. Elle se retourna vers Brigitte, et de part et d’autre du sourire de la jeune femme aux cheveux bleus coulaient des larmes. Ondine avait l’impression que la vieille dame la comprenait, et l’acceptait. Et ce fut comme si toute rage en elle, toute cette colère qu’elle avait toujours senti brûler en elle avait disparu.

         Son pas frottait la pierre des catacombes. Les rats avaient appris à la fuir. Sarramauca. Elle fredonnait d’une voix douce, mais solitaire. Elle était sortie de prison, mais elle s’était enfermée dans ces sous-sols nauséabonds. Pourtant cela lui convenait. Elle était tranquille et profitait de la douceur de la solitude. Mais une silhouette se découpa dans la pénombre. Une silhouette qu’elle ne connaissait que trop bien. Kratos surgit du manteau des ténèbres qui recouvrait les lieux. Elle se tint immobile, comme si cela suffisait à la rendre invisible.
            « Sarramauca, ma biche. Je ne t’ai pas revu depuis qu’on a fait ton baptême de l’air. » résonna la voix du Super héros. Celui-ci se propulsa vers elle, et portant la main à son cou, il la plaqua contre le mur de chaux. Le regard de Kratos luisait comme celui d’un bête féroce tapie dans l’ombre, à l’affut de sa proie.
            « Je ne t’ai pas libérée de ton trou pour que tu ailles te promener dans un autre, je t’ai viré de ta taule pour que tu butes la Ligue des Inutiles. Alors dis-moi ma grande ? Pourquoi tu ne veux pas m’écouter ?
−… elle avait du mal à respirer.
− Je ne t’entends pas, beauté ! Tu devrais parler plus fort !
− … sa voix ne parvenait pas à sortir de son gosier, la poigne de Kratos était trop forte.
− Regarde-moi dans les yeux quand je te parle ! gronda Kratos en avançant sa main gauche pour écarter les pans de la chevelure de Sarramauca qui dissimulait son visage. 
− AAAAAAAAARGH ! K R A T O S J E T E H A I S ! » hurla-t-elle finalement, folle de rage. Sa voix était indescriptible. Comme un murmure hurlé, un cri de rage strangulé, un son effroyable qui sortait de son rictus terrifiant. Kratos fut surpris, ce qui permit à Sarramauca de s’extraire de la poigne de fer du héros.
            « Je te hais tellement…t e l l e m e n t ! Mais tu as entendu ma voix…tu es en mon pouvoir maintenant ! K r a t o s ! » elle souriait à présent, et sa voix était glacée, ses paroles traînantes semblaient vouloir fuir de ses lèvres retroussées. Kratos recula d’un pas. Il savait comment fonctionnait le pouvoir de Sarramauca. Une fois qu’on avait entendu sa voix, on était tombé dans son piège hypnotique. Les plus terribles des peurs de Kratos allaient à présent fondre sur lui.
            Sarramauca se délecta du spectacle. Elle vit Kratos tomber en arrière. Il lançait des regards effrayés partout et haletait. Il murmurait des suppliques. Elle s’approcha de lui, elle allait goûter à la saveur de la peur d’un être aussi extraordinaire. C’était son jour de chance. Elle l’approcha avec légèreté.
            « Non ! Non ! Pitié ! Haaaaaaaa ! s’écria Kratos dans une panique qui lui était inhabituelle.
− Tu vas p a y e r … susurra-t-elle.
− Haaaaaaa…ha ha ha ha ! » quand il s’était mis à rire, elle s’immobilisa. Kratos la regarda en riant à gorge déployée, tout en la pointant du doigt. Puis, une fois que son fou-rire se fut calmé, il colla une baffe à Sarramauca qui l’envoya au sol. Puis, il l’attrapa par les cheveux et mit son visage à proximité du sien. « Comme si ton pouvoir de merde allait fonctionner sur moi ! Je suis Dieu parmi les hommes, connasse ! Tu crois vraiment que je peux avoir peur de quoi que ce soit ? Maintenant écoutes-moi bien, si tu es libre, c’est grâce à moi, si tu continues à respirer c’est grâce à moi ! Tu piges ? Alors fais ton putain de boulot ! Va me tuer la Ligue des Inutiles si tu ne veux pas que je m’occupe de toi sérieusement… » ayant dit ces mots, il la jeta au sol et repartit aussitôt, la laissant au sol, parmi les déjections de rats et l’eau croupie.

            Sarramauca resta là un moment, puis son corps se souleva de spasmes. Elle frappa du poing le sol, puis elle ouvrit grand sa bouche. Un hurlement inhumain en sortit et résonna dans les couloirs sombres des catacombes…

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