lundi 7 mars 2016

Chapitre 13

            Gilles ne se sentait pas au top de sa forme, là. Il avait été totalement inutile lors de l’affrontement alors que Greg avait fait la différence. Il avait su prendre le combat en main, et sauver tout le monde tout en étant cool. Par ailleurs, il avait flairé que quelque chose n’allait pas avec Arcimboldo et était prêt à en découdre avec son agresseur présumé. De toutes évidence, Greg s’avérait bien meilleur que lui, en tant que Super-héros. Les mains dans les poches de son jean usé, il déambulait dans les rues de la ville, cheminant nonchalamment en direction de l’immeuble de Michael Perséphone. Il regarda un moment la façade, et poussa un petit soupir. Il se dit qu’il pourrait compter sur la bonhommie naturelle de Michael pour lui prêter une oreille attentive.
 
            Les membres de la Ligue des Inutiles étaient en rang devant Mike qui les avait conviés dans son logement. Il passait en revue ses camarades en les toisant d’un œil sévère. Ceux-ci, qui étaient encore costumés, préféraient garder le silence. Tant pis pour la bonhommie et l’oreille attentive se disait Tear. Lui et les autres savaient que Michael était très en colère, et se doutaient bien qu’ils étaient allés trop loin. Tout d’abord, Mike ne voulait pas les voir affronter un super. Il ne les considérait pas prêts pour cela, et le combat contre Ondine le confirmait. Ensuite, il ne voulait pas qu’ils aillent se pavaner devant les médias, car une fois passés dans le domaine public, ils seraient à nu sous l’œil de chacun. Enfin, Greg avait utilisé CES médias là pour provoquer un super-criminel notoire. Mike savait que les paroles d’Atchoum-man n’étaient pas tombées dans l’oreille d’un sourd, et que Raptor, où qu’il se soit terré, avait été à l’écoute. Il avait l’impression de parler avec des cadavres en sursis.

            Raptor regardait en boucle la vidéo mettant en scène Atchoum-man qui le menaçait. Ainsi donc c’était le nom du minable aux fruits…Arcimboldo. De toute évidence, cet Atchoum-man là, en dépit de son nom ridicule, ne manquait pas de perspicacité, s’il avait pu déterminer qu’il avait rencontré Arcimboldo. Ce n’était pas tout, ce regard…Atchoum-man avait le regard suffisant du Super-héros sûr de lui, certain de vaincre. Ce regard était de plus en plus appétissant. Plus il le regardait, plus il le voulait…

            La conjuration des Etoiles était réunie. Autour de la salle de réunion se tenaient presque tous les super-héros, à l’exception d’Anima. Kratos s’enquit de la raison de l’absence de leur camarade, et haussa les épaules quand Dragon lui annonça qu’elle ne se sentait pas bien et avait besoin d’un peu de repos. Sur l’écran, la vidéo d’Atchoum-man tournait en boucle, et Terminacop, sous son casque, la regardait d’un air extraordinairement mauvais. Il haïssait bien plus Atchoum-man que Kratos, probablement. Kratos savait à peine qui était Atchoum-man, se disait-il, il n’avait jamais interagi avec lui, alors que de son coté, Terminacop avait pu échanger des mots avec ce super-zéro qui lui avait si mal parlé.
            « Alors vous en pensez quoi ? demanda un Kratos triomphal.
− J’en pense qu’il sous-entend qu’on est des branquignoles, répliqua Gravitas d’une voix acerbe.
− C’est un sale con qui se croit supérieur au reste du monde, siffla Terminacop.
− On s’en fout de ce qu’il dit ou de ce qu’il pense. La donnée la plus importante, c’est que Raptor en a bouffé un. Ce ne sera qu’une question de temps avant qu’il ne bute tous les autres, ensuite, notre plan aboutira enfin.
− Tu ne vas pas un peu vite en besogne, Kratos ? Selon les témoignages, cet Atchoum-man, là, aurait démoli Pierre. Et s’il démolissait Raptor aussi ? Et si c’était un sérieux client ? demanda Dragon.
− C’est légitime de se poser la question. Plus ils agissent, plus les Inutiles de la Ligue prennent de la bouteille. Ils deviennent de plus en plus aguerris. D’après mes contacts dans la police, ils se débrouillent très bien au combat, de toute évidence, ils sont entraînés, déclara Terminacop du bout des lèvres.
− Quoi, t’as peur d’eux, Terminacop ? Tu as peur qu’ils viennent te démolir le portrait ? Le gars qui s’appelle Atchoum-man ? le railla Kratos.
− Ta gueule Kratos ! Je n’ai pas peur de ces minables ! Et si j’en avais l’occasion, je leur collerais moi-même une balle entre leurs yeux bovins, hurla Terminacop.
− Et bien, il y en a au moins un qui a le sang chaud. Et dire que je pensais que ce serait Kratos le plus extrémiste du groupe…soupira Gravitas.
− C’est super toute cette motivation, mais j’ai des trucs à faire pour la journée. Mes directives : on continue d’observer de loin, et on se tient au courant en fonction des événements. » trancha Kratos en se levant. Il se dirigea vers la fenêtre, prêt à prendre son envol sous le regard des autres héros, mais avant de partir, il se retourna vers ses compagnons. « Oh et Dragon, garde un œil sur Anima. Tu sais, je m’inquiète pour elle. On dit qu’elle a été très secouée par les récents événements. Elle pourrait faire n’importe quoi, et s’attirer de graves ennuis… » Kratos s’envola sur ces paroles.
            Habituellement, ces mots de Kratos auraient été interprétés par Dragon comme la marque d’une réelle inquiétude. Kratos était quand même LE Super-héros par excellence. Mais dans le contexte actuel, mêlant complots meurtriers et intérêts personnels mis au premier rang des priorités, les paroles de Kratos avaient aux oreilles de Dragon, la mélodie inquiétante de la menace à peine voilée.

            S’étant faits copieusement engueuler par Mike, tandis que Pascal tentait tant bien que mal de calmer son ami, les Inutiles, qui avaient gardé le silence tout au long du passage de savon magistral, ne pouvaient s’empêcher de se poser des questions, et de s’inquiéter du sort de Cédric. Atchoum-man ne semblait pas vouloir croire à sa mort, mais dans ce cas, où était-il ? Selon Greg, il y avait une flaque de sang sur les lieux du crime, rien de plus. Rien n’indiquait qu’il avait rampé, où avait couru, ou qu’on l’avait traîné. Ce qui semblait le plus probable était que Raptor avait dévoré Arcimboldo sur place.
            « Impossible ! – rugit Greg – il y aurait eu des os, ou un truc néfaste du genre, non ?
− Alors quoi, il s’est volatilisé ? S’il était encore en vie, il nous aurait contacté, tu ne crois pas ? répondit Gaëlle.
− Mike, cet oracle dont tu nous avais parlé, elle pourrait nous aider à trouver Cédric ? demanda Mehdi.
− Faudra juste y mettre le prix, expliqua Mike qui s’était calmé.
− C’est elle ? » demanda Textil qui, sur son smartphone avait tapé sur un moteur de recherche les mots-clés Cassandre et Oracle.
            Toute l’assistance se pencha sur son épaule. Le premier résultat était bien évidemment la figure mythologique de la Guerre de Troie. Le second indiquait un site internet officiel avec un slogan qui semblait issu du plus véreux des marketeux « Cassandre, ses yeux tournés vers votre avenir ». En guise de fond d’écran, des photos professionnelles montraient une très belle blonde vêtue d’une toge haute-couture. Les photos étaient en noir et blanc, avec une image aussi parfaite que la plastique de Cassandre, et la dépeignaient en train de poser, le regard perdu dans le vague, ou allongée lascivement sur une pile de journaux épars.
            « Y a pas à dire, elle est super jolie ! souffla Cuistot.
− Ce n’est pas un oracle, c’est un top model, non ? ajouta Tear.
− Mais même moi, je ne serai partante pour la… » débuta Claire.
            De son coté, Greg ouvrait de grands yeux. Il observa avec attention le visage dans ses moindres détails. Le nez, les yeux…aucun doute possible. Gaëlle lui lança un regard étonné.
            « Qu’est-ce qui se passe Greg ?
− Ce…c’est Fiona !
− Oui son identité n’est pas vraiment un secret, elle s’appelle Fiona Lerner, déclara Mike.
− Non vous ne pigez pas ! C’est Fiona, je suis sorti avec elle au lycée ! »
            D’abord, il y a eu un échange de regards incrédules, puis, on poussa des cris d’étonnement. A l’exception de Cuistot qui poussait des cris d’admiration.

            Ondine s’était bien remise maintenant de son combat contre Raijin. Elle avait bien failli finir grillée. Elle s’était laissée portée par le fleuve et s’était cachée pour lécher ses blessures comme un animal sauvage. Elle avait été recueillie par une vieille dame du nom de Brigitte qui vivait dans une commune du Vexin Français, à quelques encablures de Paris. Brigitte était une femme solitaire dont la famille avait été avalée soit par les ravages du temps pour son tendre époux, soit par un terrible accident de voiture qui avait pris sa fille et les enfants de celle-ci. C’est probablement la raison qui l’avait poussée à recueillir et soigner une inconnue trouvée sur les berges de la Seine, plutôt que de l’amener à l’hôpital. C’était ce que se disait Ondine, et elle en fut soulagée, la Super-Criminelle ne doutait pas d’être fichée, et un endroit public comme un hôpital, c’était le meilleur moyen de signaler sa position. Elle avait donc décidé de rester avec la vieille dame et de garder un profil bas.
            Elle avait dû se réhabituer à être Delphine Perrel, l’adolescente qu’elle avait été. Elle remisa sa tenue de Super, un simple bikini bleu et un bandeau sur les yeux, et le bleu de ses cheveux n’était plus la marque de son attachement à l’élément aquatique, mais un simple accessoire de mode. Elle joua l’amnésique et entreprit de se rendre aussi utile que possible à la vieille Brigitte. Celle-ci paraissait très heureuse de la compagnie de Delphine, qui était à ses yeux une femme charmante qui lui rappelait sa fille, Delphine se fichait bien de cette vieille bique qu’elle allait sans la moindre hésitation lâcher dès que les choses se seraient un peu tassées. Si elle, Delphine avait pu ébouillanter le visage de ses propres parents avant de les quitter pour toujours, elle n’aurait aucun scrupule à abandonner une vieille qui, de toutes les façons, était habituée à la solitude.
            « Ma petite Delphine, je peux remercier le ciel de t’avoir amenée à moi, avait l’habitude de lui dire Brigitte de sa petite voix chevrotante.
− C’est à moi de vous remercier de m’avoir sauvée et recueillie » répondait alors Ondine sans y croire une seule seconde.

            Comment retrouver la Ligue des Inutiles ? Raptor se disait qu’il était un peu dans le vague. Il ne savait rien d’eux, et ne trouvait aucune information à leur sujet. La seule façon de leur tomber sur le râble était de les « croiser » au moment où ils empêchaient un crime d’être commis. Il serait plus simple pour lui de commettre des horreurs et d’attendre que la Ligue arrive pour l’arrêter, mais s’il faisait un pas de travers, il courait le risque de voir Kratos débarquer pour lui éclater la face. Le Super-Héros avait été très clair. Pas de victimes innocentes, hormis des SDF. Il devrait piéger la Ligue des Inutiles, et pour cela, il avait une idée. Il poussa ce qui se voulait être un sourire aux dents luisantes. Oui, cela pourrait marcher. 
            Cela faisait une paie qu’il n’avait pas rendu visite à ses vieux copains du crime organisé. Dissimulé sous un imperméable lourd et un chapeau, il marchait dans la nuit de son pas chaloupé et faisait route vers le Jade bar, la boîte de strip-tease tenue par Lionel Devreaux, figure notoire du grand banditisme parisien qui blanchissait son argent sale dans certains bars et autres clubs selects de la capitale. Raptor avait un temps travaillé pour lui et les deux hommes avaient gardé de très bonnes relations. Quand Raptor fit son entrée (il avait pour cela fichu une trouille bleue aux deux videurs), il fut bousculé par une forme féminine qui sortait précipitamment du club. Il n’eut le temps de la voir que de dos. Elle était vêtue d’une combinaison de motarde en cuir et portait un casque intégral. Il eut un frisson, se rappelant de la rencontre effrayante avec la mystérieuse femme de la ruelle. Puis il haussa les épaules et entra dans le club.
            Son odorat surdéveloppé percevait des effluves entremêlées de musc, de sueur et de ce parfum si délicieux que portaient les danseuses. Il déambulait en laissant planer partout son regard dans la salle mal éclairée, et observait les formes voluptueuses se déhancher au rythme entêtant et incompréhensible de l’immonde euro dance que vomissaient les enceintes. Sur le podium, une superbe jeune femme à la perruque rose ondulait contre la barre de pole dance, tout en pressant sa généreuse poitrine de ses bras. Aux tables étaient assis des clients au regard béat, sur certains, une jeune femme se tortillait langoureusement. Tout ce spectacle de chair nue ouvrait dangereusement l’appétit de Raptor. Il ignora la jolie jeune strip-teaseuse qui l’aborda dans un anglais approximatif fortement marqué par un lourd accent d’Europe de l’est. Il savait où se trouvait le bureau de Devreaux et il savait que ce soir-là, il serait présent dans le club.
            Lionel Devreaux était en pleine conversation avec ses employés quand Raptor pénétra dans le bureau. Le parrain congédia d’un geste les deux loubards assis en face de lui et la strip-teaseuse assise nonchalamment sur son bureau. Puis, il tourna vers Raptor un visage souriant.
            « Marcello, mon pote, toujours aussi moche, une vraie gueule de porte-bonheur, lança le mafieux tout en donnant au mutant une chaleureuse accolade.
− Tout se passe bien pour toi, Lionel, je vois. Tes affaires sont florissantes.
− Qu’est-ce qui t’amène ici, mon vieux ?
− Tu te doutes bien que si je viens te voir, c’est que j’ai besoin de toi pour un service.
− Un service ? Tu sais très bien qu’on ne se rend pas de services entre potes dans mon métier.
− Ce bureau sur lequel tu poses tes fesses, c’est là que j’ai bouffé ton prédécesseur. Tu as eu ce bouge grâce à moi, je me disais que tu aurais peut-être envie de me renvoyer l’ascenseur…
− Marcello, Marcellino, ne me la fais pas mon poussin. C’était un boulot que je t’avais donné, répliqua Devreaux en prenant un air contrit.
− Boulot pour lequel tu ne m’as pas payé à cause de mon incarcération. Je ne te demande pas de fric, Lionel, je veux juste que tu me prêtes quelques hommes, ceux qui ne te servent à rien. Devreaux, c’est moi ton pote Marcello qui te le demande, ne m’oblige pas à te demander un service entre potes en tant que Raptor. »
            L’homme et la bête se regardèrent un long moment. Une forte tension s’installa tranquillement dans le bureau, alourdissant une atmosphère qu’on aurait faite de plomb. Finalement, Lionel Devreaux éclata d’un rire franc, suivi de son comparse. Les deux truands se mirent à rire comme les bons amis qu’ils étaient.
« Je ne peux rien te refuser, mon beau. Y a les petits nouveaux qui ont bien besoin d’en découdre et d’apprendre à la dure. Je te les laisse pour aussi longtemps que tu le voudras. Mais ce n’est pas grand-chose, te fais pas trop d’idées.
− Merci Devreaux, avec ça, considère qu’on est quitte mon pote.
− Et s’il te plaît, évite de les bouffer. Pour l’instant, ces gars, c’est une belle brochette de branleurs, mais j’espère en faire quelque chose.
− T’inquiète, je suis à la diète… » se contenta de répondre Raptor avant de quitter son vieil ami.

            Greg avait sérieusement le trac. Il ne se rappelait pas avoir jamais été aussi nerveux. Lui et les membres de la Ligue s’étaient retrouvés, habillés de leurs costumes, devant l’immeuble de Cassandre. Atchoum-man fut soulagé que Pascal leur ait conseillé de garder leurs identités secrètes. Gilles avait proposé de se servir du passif de Greg et Cassandre pour profiter d’une remise sur l’oracle dont ils avaient besoin, mais Pascal avait jugé plus prudent de ne rien en faire. Greg était soulagé, car il ne se sentait pas très enthousiaste à l’idée de revoir son ex. Lumen, de son coté, affichait une mine boudeuse et un visage renfrogné.
            L’immeuble dans lequel officiait Cassandre était très luxueux, il y avait un portier et une réception. On leur indiqua que Cassandre se trouvait au dernier étage. Une fois montés au moyen d’un ascenseur bien plus spacieux que de nombreux appartements de la Capitale (particulièrement celui de l’auteur, tiens) à l’étage qu’ils voulaient, ils pénétrèrent dans le « bureau » de Cassandre par une porte avec une sonnerie. La première chose qu’ils virent fut une réception dans laquelle s’affairait une hôtesse au physique Eurasien, dont les cheveux noirs étaient parsemés de mèches rouges, devant laquelle trônaient quatre téléphones qui sonnaient à tour de rôle. L’hôtesse répondait rapidement, parlant plusieurs langues différentes et semblait prendre des rendez-vous. « Ce doit être une Super-Héroïne du nom de Working-girl je parie » se dit Atchoum-man au moment où elle posa un regard sur eux.
            « Vous avez rendez-vous ? demanda-t-elle de la voix excitée d’une hyperactive notoire.
− Et bien non, mais…débuta Textil.
− Revenez quand vous aurez pris rendez-vous alors, trancha l’hôtesse de sa voix fluette.
− Vous ne comprenez pas, c’est très urgent, on doit parler à Cassandre, insista Textil.
− Regardez la salle d’attente. » déclara l’hôtesse en désignant de l’épaule la porte entrouverte qui jouxtait sa réception.
            Les Inutiles y jetèrent un coup d’œil. Assis sur des fauteuils confortables, un regroupement de Super-héros célèbres ou non, portant tous des costumes babioles, attendait. Cuistot en reconnut quelques-uns, comme Frelon-man, Punchetta, La Voix ou encore BFF (pour Botte-Fesses-Fiesta)
            « Tous ces Super-héros ont pris rendez-vous avec Cassandre pour les aider à combattre le crime. Tous ces gens-là ont des raisons urgentes d’être là, et pourtant, ils ont tous quand même pris rendez-vous. » reprit l’hôtesse. Lumen sentit le rouge lui monter aux joues, et elle aurait bien voulu brûler les yeux de la jeune femme avec ses lasers. Mais elle se retint de dire quoi que ce soit, et elle constata que les autres Inutiles avaient préféré garder le silence, peut-être avaient-ils jugé que le raisonnement de l’hôtesse, aussi énervante fut-elle, tenait debout. Ils restèrent donc plantés là, sans trop savoir que faire quand ils entendirent du bruit. 
            La porte du bureau de Cassandre venait de s’ouvrir, et celle-ci en sortit, en tenant par le bras un type très imposant, et très séduisant se dirent d’ailleurs Lumen et Textil, vêtu en civil. Il paraissait être très aisé, et marchait avec assurance. Greg se sentit étrangement très énervé en voyant l’homme qu’il identifia automatiquement comme un sale frimeur. Il ressentit des bribes de jalousie quand il remarqua comment le regardait Fiona. Celle-ci salua l’assemblée de héros dans la salle d’attente et invita le suivant à aller l’attendre dans la salle de consultation. Puis, elle accompagna son compagnon vers la sortie, passant à côté des Inutiles.
            « Et bien, monsieur Pinker, ce fut très intéressant, et je suis prête à vous accueillir quand vous le voudrez, dit-elle avec un sourire complice.
− J’espère aussi que nous irons au fond des choses encore une fois la prochaine fois. Je trouve que l’un dans l’autre, on fait de grandes choses, Cassandre ! » répliqua Joël Pinker. La moutarde monta cette fois au nez d’Atchoum-man.
            Joël Pinker se tourna vers les clowns qui restaient plantés là. Il mit du temps à reconnaître la Ligue des Inutiles. Il eut un sursaut de surprise, se demandant ce qu’ils fichaient là, puis il échangea un bref regard perplexe avec Cassandre. Il parvint à rester calme cependant, il mit son self-control sur le compte de l’ivresse post-coïtale et observa ceux qu’il haïssait au plus haut point. Son regard s’attarda tout de même sur Lumen et Textil. Cette dernière se mit à rougir. « Elles sont quand même plutôt bien foutues les deux petites gerbilles, là. C’est presque dommage… » se disait-il en les observant. Sur ce, il s’éloigna et sortit par la porte.
            Cassandre voyait en la présence de la Ligue des Inutiles une très mauvaise surprise. Elle ne savait pas trop ce qu’ils foutaient là, et ne voulait certainement pas le savoir. Elle les regarda tous très froidement.
« Je ne reçois que sur rendez-vous, et croyez-moi, je m’en souviendrais, si j’avais rendez-vous avec la Ligue des Inutiles.
− Bon et bien on a qu’à convenir d’un rendez-vous, non ? proposa Lumen.
− Je suis très occupée, je n’ai pas de temps à vous accorder. Tai, occupez-vous de nos chers invités, en leur indiquant la sortie.
− Bien madame. Je vais vous demander de partir maintenant, déclara Tai, l’hôtesse, alors que Cassandre faisait quelques pas vers sa salle de consultation.
− Mais Cassandre, on a besoin de vous pour retrouver notre camarade Arcimboldo ! Vous pouvez bien nous filer un coup de main, non ? s’écria Lumen hors d’elle face à l’inconséquence de l’oracle.
− On s’inquiète pour lui, on veut juste savoir s’il est en vie ! » supplia presque Cuistot, mais cela ne suffit pas à faire fléchir Cassandre. Celle-ci continuait à s’éloigner d’eux sans leur accorder le moindre regard, ni leur répondre, tandis que Tai les menaçait de faire appel à la police.

           « Ce n’était pas ton genre de tourner le dos aux gens qui te demandent de l’aide, Fi ! » s’écria finalement Atchoum-man. A ces mots, Cassandre stoppa nette sa marche et se tourna vers eux, l’espace d’un instant. Greg vit dans le regard de Cassandre une pointe de doute, une lueur étrange, comme si des réminiscences de son passé étaient projetées derrière ses yeux comme sur un écran de cinéma. Mais son regard se refroidit de nouveau, et sans un mot, elle entra dans sa salle, et ferma la porte, en la claquant. 

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